Alan Arnett McLeod

Apparemment, sa jeunesse, son exubérance et ses qualités de pilote le rendaient populaire.


McLEOD, ALAN ARNETT, officier d’aviation, né le 20 avril 1899 à Stonewall, Manitoba, fils du docteur Alexander Neil McLeod et de Margaret Lyllian Arnett ; décédé le 6 novembre 1918 à Winnipeg.

Selon le Stonewall Argus, Alan Arnett McLeod se révéla dès l’âge de neuf ans aussi courageux, bon et modeste qu’il le serait en tant que pilote du Royal Flying Corps. En janvier 1909, il délivra un chien errant dont la patte était prise dans un piège, mais sembla étonné que les autres considèrent ce geste comme un exploit. À peine quatre ans après, il accompagna un détachement de milice de Stonewall qui s’entraînait avec le 34th (Fort Garry) Horse.

Au début de la Première Guerre mondiale en 1914, McLeod, alors âgé de 15 ans, voulut s’enrôler, mais il était trop jeune. À 17 ans, il essaya de s’inscrire à la section des cadets du Royal Flying Corps à Toronto, mais on lui répondit d’attendre son prochain anniversaire. Finalement, on le convoqua à un examen médical le 23 avril 1917. Sa dernière journée de classe coïncida avec son anniversaire ; ses condisciples et ses instituteurs lui firent des adieux chaleureux.

McLeod reçut son insigne de pilote dès la fin de juillet 1917, après avoir suivi une formation à Long Branch et au camp Borden, en Ontario ; le 19 août, il fut nommé lieutenant en second. Il s’embarqua pour l’Angleterre le 20 août et rejoignit le 82 Squadron du Royal Flying Corps à Waddington, dans le Lincolnshire. En novembre, il apprit à sa grande déception qu’on ne l’autorisait pas à accompagner son escadrille en France. Pour combattre, il devrait attendre d’avoir 19 ans.

Pendant un moment, McLeod participa à la défense de Londres contre les raids aériens des Allemands en tant que pilote de chasse de nuit. Cependant, sa volonté d’aller au front était si forte qu’il trouva le moyen de convaincre les autorités de l’y envoyer sans délai. Dès le 29 novembre, il se présenta au 2 Squadron à Hesdigneul-Lès-Béthune, en France. Cette escadrille de corps d’armée n’avait rien de prestigieux ; procéder à des bombardements diurnes et nocturnes, faire de la photographie et coopérer avec l’artillerie constituaient l’essentiel de ses activités. McLeod assuma pourtant ses fonctions avec enthousiasme. Apparemment, sa jeunesse, son exubérance et ses qualités de pilote le rendaient populaire.

McLeod fit son premier vol dans le ciel français le 30 novembre 1917. Le 19 décembre, lui-même et son observateur, le lieutenant J. O. Comber, eurent une « bagarre avec 8 boches [des avions de reconnaissance allemands Albatros] » à l’issue de laquelle ils signalèrent : « 1 [appareil] descendu en vrille ». Moins d’un mois après, le 14 janvier 1918, avec le lieutenant Reginald Key comme observateur, McLeod attaqua à Bauvin un ballon cerf-volant et le descendit en flammes. Une attaque de ce genre était jugée risquée pour un avion de chasse rapide et maniable. Tenter le coup dans un appareil aussi lourd qu’un Armstrong Whitworth FK8 était presque insensé. En plus du ballon, Key détruisit un Albatros. Les deux hommes eurent droit à des citations pour cette prouesse.

Le 27 mars, sous un ciel bas, McLeod et son observateur, le lieutenant Arthur Hammond, décollèrent avec cinq autres avions pour aider les armées alliées en bombardant et mitraillant en rase-mottes des concentrations ennemies près de Bray-sur-Somme. Ils se posèrent sur un terrain d’atterrissage britannique après que les membres de la formation « se furent perdus de vue », mais reprirent leur mission seuls après le lunch. McLeod écrivit par la suite à ses parents : « On s’est avancé pas mal au-dessus de la ligne et on allait lâcher mes bombes [...] quand tout à coup un gros essaim de Boches a surgi des nuages [et a foncé] droit sur nous il devait bien y en avoir 8 ou 10 de toute façon, j’ai fait la folie de rester pour me bagarrer [contre] eux. » Au début, McLeod et Hammond se tirèrent assez bien d’affaire – ils abattirent trois avions ennemis –, mais ils eurent bientôt le dessous, car les triplans Fokker étaient à la fois plus nombreux et plus maniables. Atteint en plusieurs endroits, leur FK8 prit feu à partir du réservoir d’essence, à l’avant du cockpit.

Si les aviateurs avaient porté des parachutes à cette époque, McLeod et Hammond – qui se trouvaient à une altitude d’au moins 2 000 pieds – auraient pu sauter. Mais ils n’avaient pas d’autre choix que de faire de leur mieux pour ramener l’appareil au sol. McLeod réussit à le faire glisser sur l’aile à un angle assez prononcé pour que lui-même et Hammond ne soient pas trop atteints par les flammes. Quand elles furent trop proches, il balança une jambe hors du cockpit. Un pied sur l’aile gauche inférieure et l’autre sur le palonnier, il dirigea l’appareil vers les lignes alliées. Hammond perdit le plancher de sa cabine dans l’incendie ; il dut s’asseoir sur l’encadrement de l’habitacle et poser les pieds « sur les câbles de haubanage à côté du fuselage ». Durant tout ce temps, McLeod s’arrangea pour que Hammond soit en position de riposter au tir ennemi. Bien qu’il ait été blessé six fois, Hammond put abattre trois de leurs poursuivants. Après avoir atterri en catastrophe dans un no man’s land situé à portée du feu ennemi, McLeod, déjà atteint cinq fois, fut blessé par une bombe qui explosa tandis qu’il sortait Hammond de la zone dangereuse tantôt en le tirant, tantôt en le faisant rouler. Il parvint à le cacher dans un trou d’obus avant de s’effondrer sous l’effet de l’épuisement et d’une hémorragie.

Un certain temps s’écoula avant que des soldats sud-africains de la plus proche tranchée amie puissent secourir les aviateurs et les conduire dans les tranchées de réserve. McLeod et Hammond passèrent plusieurs heures là, sous les bombes allemandes, avant que des brancardiers ne profitent de l’obscurité pour les évacuer à l’arrière. En fin de compte, McLeod se retrouva au Prince of Wales’ Hospital de Londres. Le 1er mai 1918, on annonça qu’il recevrait la croix de Victoria. Hammond, lui, gagna une agrafe pour sa Croix militaire. Bien que son fils lui ait assuré qu’il « [se] port[ait] comme un charme », le docteur McLeod le rejoignit en Angleterre, surveilla sa convalescence et l’accompagna au palais de Buckingham le 4 septembre pour la réception de la décoration. Il le ramena à la maison à la fin du mois.

Très fiers de leur jeune héros, les Manitobains furent consternés d’apprendre qu’il avait contracté la grippe espagnole et était mort le 6 novembre. Ironie du sort, les journaux rendirent compte de ses obsèques le jour même où ils annoncèrent la signature de l’armistice en Europe.

Au cours de sa trop brève existence, Alan Arrien McLeod accomplit une seule action d’envergure, mais c’en fut tout une. Il fut le plus jeune récipiendaire canadien de la plus haute distinction pour bravoure décernée dans l’Empire britannique, et l’un des quelques membres d’un escadron de coopération d’armée à recevoir la croix de Victoria. En plus, McLeod avait dû être un bon ambassadeur pour son pays natal. Ses compagnons de chambre et observateurs favoris, Reginald Key et Arthur Hammond, immigrèrent au Canada, acquirent la citoyenneté et servirent dans l’Aviation royale du Canada au cours de la Seconde Guerre mondiale.

—Texte par Carl A. Christie, “« McLEOD, ALAN ARNETT », dans Dictionnaire biographique du Canada,vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 févr. 2015. Pour cette bibliographie et d'autres, visiter le Dictionnaire biographique du Canada.