Georges-Marie Guillon

Les nombreuses lettres qu’il a écrites à sa mère nous renseignent abondamment sur la perception qu’un Européen a du Canada et de l’effort de guerre.


Georges-Marie Guillon est né à Bruxelles en 1890. Il est le 8e dune famille de 12 enfants issus du mariage de Silas, un industriel prospère, et de Céline Penez. En 1911, comme plusieurs autres jeunes Belges, il émigre au Canada et s’installe dans l’Ouest canadien pensant y faire fortune. Son frère Silas junior et sa sœur aînée Magdeleine s’y installent également. Georges-Marie travaille d’abord comme commis à la Banque d’Hochelaga à Edmonton puis plus tard, après des études universitaires, dans un bureau d’avocat. Avec son frère Silas, il aurait aussi acheté, semble-t-il, des terres.

À la suite du déclenchement de la Première Guerre et de l’invasion de la Belgique, pourtant neutre, par l’Armée allemande, six frères Guillon font la guerre au sein des armées belge, française, britannique, et canadienne. Deux frères seront faits prisonniers. Un autre frère agit également à titre d’espion en Belgique occupée. Quant à la mère, veuve depuis quelques années, et ses filles, elles choisissent le chemin de l’exil en allant vivre à Wimbledon en Grande-Bretagne. Toute la famille Guillon a survécu à la guerre.

Georges-Marie s’est promené d’unité en unité, du 57e Bataillon (canadiens-français) à la Royal Air Force, en passant par le 22e Bataillon au front. Les nombreuses lettres qu’il a écrites à sa mère nous renseignent abondamment sur la formation d’un officier en mutation, sur la vie mondaine de ce dernier et sur la perception qu’un Européen a du Canada et de l’effort de guerre.

Après le conflit, Guillon revient au Canada pour tenter de faire fortune à nouveau dans les affaires d’import-export (pâte à papier, produits alimentaires, et amiante), mais sans succès. Il retourne en Europe où il travaille comme industriel dans différentes sociétés. Il prendra la direction de l’entreprise familiale « Tapis Guillon ». Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, il est approché par le gouvernement belge en exil qui le nomme agent de renseignements et d’action. Sous son nom de code « Beaver-Baton », il aide à cacher des soldats britanniques. Il est pour cette raison arrêté en 1942. Incarcéré à Bruxelles par la Gestapo, il est ensuite déporté en Allemagne où il mourra le 22 avril 1945 à l’âge de 54 ans à la suite de mauvais traitements reçus et d’épuisement.

Vous avez un parent qui a servi pendant la Grande Guerre? Soumettez son histoire et elle pourrait se retrouver sur le site de l’Album de la Grande Guerre.

—Texte par Michel Litalien