Rena Maude McLean

...elle avait réussi à garder le moral malgré les années passées dans certaines des zones les plus éprouvées par la guerre.


Rena Maude McLean, infirmière, née le 14 juin 1879 à Souris, Île-du-Prince-Édouard, fille de John McLean et de Matilda Jane Jury ; décédée célibataire le 27 juin 1918 en mer.

Rena Maude McLean, de son surnom Bird, venait d’un milieu aisé : son père était homme d’affaires prospère et homme politique conservateur. Élève en 1891–1892 au collège de jeunes filles Mount Allison de Sackville, au Nouveau-Brunswick, elle reçut son diplôme du Halifax Ladies’ College en 1896. Ensuite, elle fit ses études d’infirmière au Newport Hospital de Newport, dans le Rhode Island, où elle acheva sa formation en 1908. Au début de la Première Guerre mondiale, elle était infirmière-chef à la salle d’opération du Henry Heywood Memorial Hospital de Gardner, au Massachusetts. Le 28 septembre 1914, elle fut affectée au corps de santé de l’armée canadienne.

Mlle McLean s’embarqua pour l’Angleterre presque tout de suite après s’être enrôlée et continua sa route vers la France en novembre avec le personnel de l’Hôpital fixe canadien no 2. Elle faisait partie des 35 infirmières canadiennes qui aidèrent à transformer un luxueux hôtel du Touquet (Le Touquet-Paris-Plage) en hôpital – le premier en France à avoir un personnel entièrement canadien. Au printemps de 1915, 1 100 soldats canadiens, gazés à la deuxième bataille d’Ypres, furent soignés dans cet hôpital avant d’être ramenés en Angleterre. Dans la même année, Rena Maude McLean travailla un moment à Rouen, à l’Hôpital fixe britannique n° 12, puis au Duchess of Connaught’s Canadian Red Cross Hospital à Taplow, en Grande-Bretagne. De service au cours d’un voyage au Canada, elle repartit en octobre 1916 pour Thessalonique, en Grèce, où elle œuvra à l’Hôpital fixe canadien n° 1. Comme l’envoi d’infirmières en Méditerranée suscitait la controverse en Grande-Bretagne, elles rentrèrent toutes l’année suivante. Mlle McLean travailla ensuite à l’Hôpital général canadien n° 16 à Orpington (Londres), puis un moment sur le navire-hôpital Araguaya et de nouveau à l’Hôpital général n° 16. En mars 1918, elle fut affectée sur le Llandovery Castle, qui ramenait des blessés canadiens à Halifax. Le navire retournait en Angleterre lorsque, le 27 juin 1918, il fut torpillé et coulé par l’ennemi au large des côtes irlandaises. Les 14 infirmières qui se trouvaient à bord, dont Mlle McLean, périrent.

Rena Maude McLean était une jolie femme gaie et bienveillante. Comme le montre sa dernière lettre, écrite le 16 juin à bord du Llandovery Castle, elle avait réussi à garder le moral malgré les années passées dans certaines des zones les plus éprouvées par la guerre. « Voilà que nous approchons à nouveau de Halifax, disait-elle, mais [nous sommes] toujours aussi loin de chez nous [...] Cette fois, plus de la moitié de nos patients sont des amputés, et cela vous briserait le cœur si eux-mêmes ne montraient pas autant de bonne humeur [...] C’est peut-être ma dernière traversée ; si c’est le cas, Dieu sait quand je rentrerai à la maison puisque, dès mon retour en Angleterre, je vais partir pour la France et, une fois là-bas, ce sera bien difficile de m’échapper. »

Des plaques à la mémoire de Rena Maude MeLean se trouvent à l’église unie St James de Souris, à la Memorial Library de la Mount Allison University et au laboratoire de radiologie du Queen Elizabeth Hospital de Charlottetown. En 1919, un hôpital de 200 lits pour anciens combattants a été baptisé en son honneur à Charlottetown, mais il a fermé ses portes environ un an après. Le vitrail des Five sisters à la cathédrale d’York, en Angleterre, est dédié aux 3 000 femmes et plus de l’Empire qui ont servi et sont mortes pendant la Première Guerre. Leurs noms sont inscrits tout près, derrière dix panneaux gothiques ; les noms des Canadiennes se trouvent à l’arrière du sixième panneau. Chaque année, l’école des services de santé des Forces canadiennes de la base militaire de Borden, en Ontario, décerne le prix Llandovery Castle au membre du personnel infirmier le plus méritant.

—Texte par Adele Townshend, “« McLEAN, RENA MAUDE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 août 2015. Pour cette bibliographie et d'autres, visiter le Dictionnaire biographique du Canada.