Le Journal intime d'Ophélie
La neige reflète les derniers rayons de soleil à travers la fenêtre et je regarde mon mari parader fièrement avec son uniforme militaire, dans le salon, sur un air de Verdi. Le feu dans la cheminée crépite et l’enfant dort tranquillement installé dans son berceau. Cela fait maintenant plus d’un mois que mon mari Eugène s’est fait recruter . J’en suis fort heureuse pour lui, malgré le fait qu’il partira en juin pour la guerre et que je ne le reverrai peut-être jamais. Il me dit souvent: «Ma chère, ne faites pas cette tête. Réjouissez-vous du fait que votre mari part pour sauver le pays de nos ancêtres. Et voyez, si je meurs, c’est vous qui toucherez ma pension et vous aurez de quoi vivre sans trop vous démener avec l’enfant.» Mais que dois-je penser ? Cela fait deux ans que nous nous sommes mariés par amour, le vrai, et le laisser partir à une mort certaine, la guerre, est comme laisser une partie de moi se perdre. J’ai tant pleuré ce maudit mois de juin qu’il ne me reste plus qu’à graver son visage dans mon esprit pour ne pas l’oublier et pour, un jour, pouvoir le décrire à notre fils.